Mercredi 17 juin 2009
Mieux protéger votre peau des dangers du soleil
Chat animé par le Docteur Jean-Louis PEYRON, Dermatologue attaché au CHU de Montpellier, membre du Comité directeur de la Société Française de Photodermatologie.
Retranscription du Chat :
Question 1
Internaute : Les enfants ont-ils une peau plus résistante au soleil que les adultes ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Les enfants ont une peau plus fine et donc a priori plus fragile que celle des adultes. Par contre, l'enfant gardera son phototype, c'est à dire sa tendance à prendre des coups de soleil ou à bronzer, toute sa vie. Un enfant qui aura tendance à bronzer facilement bronzera facilement toute sa vie, et vice versa.
Question 2
Internaute : Connaissez-vous un filtre solaire qui protège les bébés au maximum ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Il n'y a pas de filtre solaire qui protège mieux un bébé qu'un autre. De toute façon, a priori, un bébé ne doit pas être exposé au soleil, et donc la question ne doit pas se poser.
Question 3
Internaute : J’ai la peau très claire et sensible, j’ai de la couperose, puis-je tout de même m’exposer au soleil ? Quel type de protection utiliser ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Vous pouvez vous exposer au soleil en vous protégeant de façon très importante, en évitant donc les expositions de milieu de journée et en utilisant des photoprotecteurs externes de fort coefficient (SPF 50 +). Certains laboratoires ont des produits spécifiques pour les peaux couperosées qui contiennent en général des décongestionnants en plus du protecteur solaire. N'oubliez pas que la couperose est aggravée par les expositions solaires trop fortes !
Question 4
Internaute : Mon fils de trente mois est blond aux yeux bleus, il a une peau porcelaine et souffre d'eczéma, nous souhaitons aller avec lui à la plage en fin d'après midi, quelle protection me conseillez-vous ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Pour le protéger du soleil, la première des choses c'est de lui éviter les heures d'exposition du milieu de journée, entre midi et seize heures. Pour lui, la protection sera d'abord vestimentaire, en privilégiant les vêtements en coton (l'eczéma est facilité par le contact avec les vêtements en laine et en synthétique) et, si on doit utiliser des photoprotecteurs externes, on va privilégier ceux contenant uniquement des écrans minéraux. Car ce sont eux qui présentent le moins de risque d'aggraver l'eczéma.
Question 5
Internaute : Ma peau bronze facilement, si je m'expose au soleil après 16h, dois-je quand même mettre de la crème solaire ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Je pense que chez vous, l'utilisation des crèmes solaires doit se faire au début de votre séjour : elle vous évitera les premiers coups de soleil, sans vous empêcher de bronzer. Une fois le bronzage acquis, la photoprotection externe est moins importante, mais n'oubliez pas que le fait de bronzer facilement n'empêche aucunement les effets à long terme du soleil (vieillissement et cancer de la peau).
Question 6
Internaute : Y a t-il une crème pour que les taches ressortent moins au soleil ?
Docteur Jean-Louis Peyron : - Si vous parlez des taches de rousseur, il n'y a pas de crème qui vous empêchera de les faire ressortir en été : c'est votre phototype naturel et donc il est nécessaire d'éviter les expositions solaires.
- S'il s'agit de masque de grossesse, il est possible de les prévenir en utilisant, dès que vous êtes à l'extérieur, des photoprotecteurs externes ayant un fort coefficient de protection en UVA.
- S'il s'agit de taches brunes des parties découvertes survenant après la cinquantaine, le mal est malheureusement déjà fait, et la photoprotection vous évitera simplement d'en avoir un peu plus.
Question 7
Internaute : Plus les années passent et plus j'ai des grains de beauté qui apparaissent, comment cela se fait-il ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Il y a deux variétés de grains de beauté : ceux présents à la naissance, en général en petit nombre, et qui persisteront toute la vie, et les grains de beauté acquis, qui apparaissent vers la puberté, et dont le nombre augmente avec l'exposition solaire. Rassurez-vous, ce n'est pas indéfini et on arrive rapidement à une stabilisation vers la trentaine.
Question 8
Internaute : Comment faire pour prolonger son bronzage ? Y a t-il des trucs ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Il n'y a pas de "truc" pour prolonger son bronzage : le bronzage est dû à la fabrication de pigments par des cellules de l'épiderme qui ont été stimulées par le rayonnement solaire. Dès que cette stimulation s'arrête, ces cellules diminuent leur activité et la peau, qui se renouvelle en permanence, va progressivement s'éclaircir. A moins d'empêcher la peau de se renouveler (ce qui est impossible), je ne vois pas de possibilité de prolonger ce bronzage.
Question 9
Internaute : Faut-il absolument mettre une crème hydratante en dessous de la crème solaire ou la crème solaire est-elle suffisante ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Il n'est pas habituellement nécessaire d'utiliser une crème hydratante sous une crème solaire. A la limite si vous souhaitez une photoprotection pendant la journée et que vous ayez déjà mis une crème hydratante le matin, il n'y a aucune contre-indication à utiliser ces deux crèmes en même temps.
Question 10
Internaute : Est-il vrai que les indices de protection inférieurs à 20 sont complètement inutiles ?
Docteur Jean-Louis Peyron : En théorie, un indice de protection inférieur ou égal à 20 traduit une bonne capacité du produit solaire à protéger du soleil. En pratique, l'indice de protection réel de ces produits est beaucoup plus faible car ils ne sont jamais appliqués en quantité suffisante et donc le pouvoir de protection est très faible. C'est pour cela qu'il vaut mieux privilégier des indices plus élevés (pour une peau normale un SPF de 30 est un bon compromis).
Question 11
Internaute : Que signifie le SPF et l’indice UVA qui se trouvent sur les produits solaires ? Qu’est-ce qui les distingue ? Quel SPF choisir pour quel UVA ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Le sigle SPF signifie Sun Protection Factor (Facteur de Protection Solaire), il traduit la capacité d'un produit solaire à protéger du coup de soleil. L'indice de protection UVA traduit simplement la capacité d'un produit solaire à arrêter plus ou moins les ultra-violets A. Il n'y a donc aucun rapport réel entre les deux. Pourquoi a-t-on besoin de connaître l'indice UVA ? Tout simplement parce que les UVA sont responsables pour une partie non négligeable des effets à long terme de l'exposition (mélanomes malins, vieillissement, etc.). Un bon photoprotecteur externe doit avoir un SPF élevé (30 ou +) et un indice de protection UVA également élevé (celui-ci doit être au moins égal au tiers du SPF).
Question 12
Internaute : Quels comportements adopter pour profiter du soleil sans danger ? Soleil peut-il rimer avec plaisir ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Tout simplement des comportements de bon sens : adapter ses expositions à son phototype, éviter les expositions de milieu de journée, et se protéger avec un vêtement ou des photoprotecteurs externes. Dans ces conditions le soleil n'est absolument pas un ennemi et rimera avec plaisir !
Question 13
Internaute : Si j'attrape un gros coup de soleil, est ce que cela signifie que j'ai épuisé plus rapidement mon capital peau sur la zone concernée ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Vous avez tout à fait raison. C'est d'ailleurs pour cela que l'on voit arriver plus rapidement sur la zone de peau qui a subi un coup de soleil (épaules en particulier) des "cicatrices" : taches pigmentées, et, éventuellement plus tard, cancer de la peau.
Question 14
Internaute : Que pensez-vous des produits solaires qui promettent une protection de 8h avec une seule application par jour ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Un produit idéal serait effectivement celui que l'on ne devrait appliquer qu'une seule fois par jour. En pratique, les preuves de la persistance de la photoprotection de ce type de produit pendant la journée restent encore limitées. Je conseille personnellement la réapplication des produits en fonction de son type d'activité (sudation, bain, etc.).
Question 15
Internaute : La crème solaire dessèche t-elle la peau ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Ce n'est pas la crème solaire qui dessèche la peau mais l'exposition solaire. Il est conseillé d'utiliser des crèmes hydratantes après les expositions.
Question 16
Internaute : Je me suis beaucoup exposé au soleil pendant mon enfance et mon adolescence. Pendant toutes ces années, je supportais très bien le soleil et les fortes chaleurs. Depuis quelques années, je prends beaucoup plus facilement des coups de soleil, ma peau semble être devenue plus fragile. Est-ce normal ? Comment expliquer cette évolution ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Effectivement, vous avez certainement dépensé une grande partie de votre capital solaire, et le mal est malheureusement déjà fait. Il s'agit d'un processus naturel de vieillissement "actinique" (dû au soleil). Conclusion : évitez le soleil et protégez-vous de plus en plus.
Question 17
Internaute : Comment se fait-il qu'avec une crème solaire minérale ou chimique 50 ( j'ai de la rosacée ), ma peau devient rouge avec des boutons en fin de journée même si je ne me suis pas exposée au soleil ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Les peaux porteuses de rosacée sont excessivement fragiles et tolèrent difficilement les crèmes. Je vous conseille de contacter un dermatologue.
Question 18
Internaute : Ma peau conserve un peu de son bronzage d’une année sur l’autre. Dois-je m’inquiéter ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Pas du tout; cela signifie simplement que votre phototype est plutôt foncé et que vos mélanocytes (cellules pigmentaires) restent actives une grande partie de l'année.
Question 19
Internaute : Le nombre de grains de beauté a-t-il à voir avec la façon dont on s’est exposé au soleil ? Existe-t-il un rapport entre le nombre de grains de beauté et le risque de cancer cutané ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Oui, les sujets s'étant exposés plus longtemps au soleil, notamment pendant l'adolescence, ont tendance à avoir plus de grains de beauté. Il existe un rapport entre nombre de grains de beauté et risque de cancer cutané, mais la possibilité d'avoir un mélanome dépend de beaucoup d'autres facteurs qui n'ont rien à voir avec le nombre de grains de beauté. Il ne s'agit que d'un facteur causal parmi d'autres.
Question 20
Internaute : Existe t-il des aliments qui permettent de mieux supporter le soleil ?
Docteur Jean-Louis Peyron : A ma connaissance, non. Les gélules solaires ont bien effectivement des substances contenues dans les aliments, mais à des taux nettement supérieurs. Il serait nécessaire d'avaler d'énormes quantités de tomates ou de carottes, par exemple, pour avoir des taux équivalents en béta-carotène à ceux que l'on trouve dans les gélules solaires.
Question 21
Internaute : Les écrans minéraux sont-ils plus sains que les filtres chimiques? Sont-ils moins allergisants ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Les écrans minéraux sont des substances inertes n'ayant aucune réactivité vis à vis de la peau et n'étant pas absorbées par celle-ci. Ils n'ont donc aucun pouvoir allergisant à l'inverse des filtres chimiques. Ils peuvent de façon exceptionnelle donner des allergies cutanées.
Question 22
Internaute : Comment expliquez-vous que le nombre de cancers de la peau augmentent d’années en années ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Le facteur essentiel est l'augmentation du temps passé au soleil : la pratique des loisirs à l'extérieur, les voyages dans les pays tropicaux, etc., favorisent énormément ces expositions. Il est probable que ces cancers de la peau vont continuer à augmenter puisque leurs délais de survenue est de plusieurs années. Sous nos latitudes, le rôle de la diminution de la couche d'ozone ne paraît pas pouvoir être pris en compte.
Question 23
Internaute : Peut-on faire une allergie aux écrans minéraux ? Si oui, que faire pour se protéger ?
Docteur Jean-Louis Peyron : On ne peut pas faire d'allergie aux écrans minéraux, éventuellement à l'excipient du produit, c'est-à-dire la base qui contient l'écran minéral.
Question 24
Internaute : J’ai de l’acné. J’ai l’impression que le soleil limite l’apparition des points noirs et des boutons rouges. Qu’en pensez-vous ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Effectivement, l'exposition solaire semble diminuer l'activité de l'acné : le bronzage masque les rougeurs, l'épaississement de la peau dû au soleil fait "rentrer" les lésions à l'intérieur. En fait, il ne s'agit que d'une amélioration passagère, et les imperfections redoublent à la fin de l'été.
Question 25
Internaute : Les cheveux sont-ils aussi vulnérables que la peau au soleil ? Est-il nécessaire de les protéger lors des expositions solaires ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Les cheveux sont effectivement abîmés par les ultra-violets : ils s'éclaircissent, deviennent plus fragiles et cassants par altération des lamelles de kératine qui le constituent. Il existe des produits capillaires contenant des filtres solaires pour essayer de diminuer ces altérations.
Question 26
Internaute : Quels indices conseillez-vous et à quelles tranches d'âge ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Tout dépend de plusieurs facteurs :
1 - le phototype.
2 - l'activité (ce que l'on fait).
3 - l'âge.
En pratique, pour un sujet de phototype ou peau "normale" (personne régulièrement victime de coups de soleil mais bronzant facilement), un indice de protection de 30 suffit, à condition de renouveler fréquemment les applications.
Un phototype très clair (coups de soleil constant et absence de bronzage) devra obligatoirement utiliser des indices supérieurs ou égaux à 50 en évitant les expositions en milieu de journée.
L'enfant nécessite une photoprotection d'abord vestimentaire, les photoprotecteurs étant un complément.
On privilégiera les écrans minéraux d'indice de protection supérieur ou égal à 30.
Les circonstances d'expositions extrêmes (montagne, glacier, tropique, etc.) nécessitent un indice de protection maximum, et un renouvellement très fréquent.
Question 27
Internaute : Faut-il utiliser un produit de protection solaire spécifique quand on a de l'acné ?
Docteur Jean-Louis Peyron : C'est préférable car les patients acnéiques ont la peau grasse et si on utilise des produits solaires trop onctueux on risque d'aggraver l'acné. Il existe dans pratiquement toutes les marques des gammes spécifiques pour les peaux acnéiques qui sont en général des préparations fluides.
Question 28
Internaute : J'aimerais savoir s'il est aussi dangereux de s'exposer une demi-heure tous les jours de l'année (ou presque) que de rester de longues heures au soleil pendant les vacances.
Docteur Jean-Louis Peyron : Il n'y a pas de vraie réponse à cette question cependant l'exposition chronique au soleil (une demi-heure ou plus les jours de l'année, comme on le voit chez les travailleurs à l'extérieur, par exemple), peut aboutir au bout de nombreuses années à la survenue de cancers de la peau appelés épitheliomas (ou carcinomes). Ces cancers ont un potentiel relativement peu grave, il suffit de les opérer. Par contre, une exposition brutale en été aboutissant à des coups de soleil et notamment chez l'enfant, peut être à l'origine d'un cancer de la peau beaucoup plus grave, le mélanome malin. Il est donc capital de protéger les enfants du soleil.
Question 29
Internaute : Mon fils de quatre ans et mon fils de quatre mois peuvent-ils avoir la même protection solaire ?
Docteur Jean-Louis Peyron : Non, certainement pas. L'enfant de quatre mois n'a pas à aller au soleil. On ne doit pas à aller au soleil avant, au minimum, dix-huit mois. Par contre l'enfant de quatre ans doit avoir une photoprotection obligatoire qui commence par les vêtements (chapeau et t-shirt) et qui sera complétée par les photoprotecteurs externes en privilégiant les écrans minéraux.
Cette retranscription ne représente pas forcement la totalité des échanges qui ont eu lieu lors du chat.